Quand j'étais jeune, genre y'a encore que 7 ans, je voulais être vétérinaire, j'étais en prépa, et je passais les concours. Je l'ai raté, le concours véto, deux fois. Alors je suis partie en pharmaco et on en a plus jamais reparlé.
Aujourd'hui, la seule chose qui me relie au métier de véto, ce sont les copines qui elles ont eu le concours ou sont parties en Belgique, et la grosse bête noire plus ou moins pleine de poils selon la saison mais définitivement pleine de problèmes de santé qui hante mon appartement.
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Oui, il se déplume grave, mais la véto sait pas pourquoi |
J'ai trouvé un véto pour la bête l'an dernier quand il m'a fait un combo vomi+crise d’épilepsie, une véto en fait. Elle est top, Stick est amoureux d'elle, je suis presque jalouse. Il la kiffe tellement qu'il lui fait des câlins et qu'elle a même pas besoin de le tenir pour lui faire une prise de sang, il bouge pas d'un poil.
Elle elle le kiffe aussi, elle l'appelle mon lapin, lui fait des bisous et dit qu'il est merveilleux. Après le chat en rentrant à la maison il se roule sur le dos en ronronnant tout contre moi comme si je venais de lui faire un méga cadeau de Noël qui le remplit de bonheur, alors qu'on est juste allés faire son rappel de vaccin quoi.
Bref j'ai trouvé la véto parfaite, et j'ai le seul animal au monde qui aime aller chez le véto.
Aujourd'hui on est allés la voir, pour le rappel de vaccin, et aussi parce que Super Glue s'est subitement mis à boire comme un trou et à me vider ses gamelles en moins de deux.
J'étais un peu inquiète pour ses reins, au gros. Mais au final il a rien aux reins, ni au foie, ni à la thyroide, et il a pas de diabète.
J'aime pas trop aller chez le véto, parce que ça sent le médicament, parce que c'est toujours pour un truc pas drôle, parce que ça coûte une blinde et parce que j'ai peur des chiens, en prime.
Aujourd'hui y'a une dame qui est entrée, avec un Doberman. J'aurais pu avoir peur, sauf que le pauvre loulou avait un mal fou à se déplacer, il tenait à peine sur ses pattes. Je l'ai regardé suivre sa maîtresse jusqu'à l'accueil, et ça m'a fait trop de peine.
Après j'ai levé les yeux sur sa maîtresse, et j'ai vu qu'elle pleurait. Et j'ai compris, que le chien n'irait pas bien loin, qu'elle aurait peut être à prendre une dure décision ce soir.
Ça m'a fendu le cœur en mille petits morceaux, et du fond de ma salle d'attente, je n'ai pas pu me retenir, je me suis mise à pleurer aussi.
Et j'ai compris. J'ai compris que je n'aurais jamais pu être vétérinaire, que je ne l'aurais jamais supporté.
Je n'aurais pas supporté la douleur de tous ces animaux en fin de vie, et plus que tout, je n'aurais jamais supporté toute la tristesse de leurs maîtres.
J'ai toujours été comme ça, je n'ai jamais pu gérer le fait de voir les autres souffrir, de voir des gens tristes. Croiser une personne en larmes peut me marquer pour la journée, même si je ne connais pas cette personne.
Mon émotivité n'aurait pas su composer avec ce métier.
Il aura fallu 7 ans après le concours, pour que ça devienne totalement clair pour moi. Je n'aurais jamais pu être vétérinaire.
Heureusement que je l'ai raté, ce concours.