dimanche 20 novembre 2011

Tu sais ce qu'on dit sur la vie...

Lorsque j'étais à l'école primaire, il y avait cette fille adorable qui était l'une de mes seules amies.

J'étais l'un de ces vilains petits canards à lunettes avec des dents en avant - depuis on a inventé l'appareil dentaire, et j'ai fait une rébellion aux lunettes, de toute façon ma vue s'améliore -, qui n'avait pas beaucoup de copines, qui jouait aux billes avec les garçons, et qui était un peu trop à côté de la plaque pour que la plupart des gosses l'aiment. Et tu sais comme les gosses sont cruels entre eux à cet âge là.

Cette fille là était gentille avec tout le monde. Une vraie crème. Je me souviens que j'ai passé beaucoup de mes récréations avec elle, et juste avec elle.

Je ne l'ai pas revu depuis le primaire.

La magie de Facebook aidant, nous avons plus ou moins repris contact il y'a maintenant plusieurs mois. On s'est envoyé un ou deux messages, histoire de prendre des nouvelles, on s'est dit qu'on irait boire un verre. Mais c'est comme d'habitude. On appelle pas. Pas parce que l'on ne le veut pas, juste parce qu'on a pas le temps, on y pense pas, on se dit que ça va surement la faire chier, on est pas souvent là - y'en a même une qui est partie vivre quelques mois au Chili, avoue que pour aller se boire un verre en Bretagne, c'est plus compliqué -.

Il y a quelques jours ma mère m'a appelé. Ma mère a cette habitude de lire les pages que je passe toujours dans les journaux, ces pages qui me pourrissent ma journée dès le matin, qui me dépriment si je découvre des noms que je connais, ou des gens bien trop jeunes pour y figurer.

Elle m'a appelé pour me dire que le compagnon de cette fille adorable était dans cette page. Un accident. 26 ans.

J'avais déjà conscience que la vie tient à rien du tout. Depuis le tremblement de terre Chilien, crois-moi, je m'en rends bien compte, et j'y pense tous les jours. Mais là ça m'a remis une deuxième claque. J'ai pensé à mon Baloo et à nos disputes, et je me suis dis qu'on était vraiment deux cons.

Ça arrive tellement vite, ce genre de choses. Alors j'ai eu de la peine pour cette fille, parce que c'est typiquement la personne qui ne mérite pas ce genre de malheur. Et tu veux que je te dise ? C'est toujours aux gens qui le méritent le moins que ça arrive j'ai l'impression.

Alors j'ai vérifié l'information, et après j'ai hésité.

Je voulais lui envoyer un petit message de soutien. Mais tu sais, je suis ce genre de personne maladroite avec la peine des autres, ce genre de personne qui ne trouve pas les mots, dit toujours ce qu'il ne faut pas dire, et finit toujours finalement en se disant "putain j'aurais mieux fait de me taire, quelle connasse je suis, merde" - et en plus je suis vulgaire, regarde moi ça -. Je ne voulais pas rajouter mes mots maladroits à sa peine, ou pire, avoir l'air complètement à côté de la plaque, ou passer pour une opportuniste qui débarque pour reprendre contact en plein deuil.

Et puis je me suis dit merde, si je venais de perdre mon Baloo, je crois que n'importe quel message me ferait du bien, même de quelqu'un que j'ai pas vu depuis une éternité. Je me suis dit que le plus important c'était de la soutenir, au moins un peu, de lui faire comprendre qu'une personne de plus pensait à elle.

Alors je l'ai envoyé, maladroitement, comme je sais bien le faire. Surement avec les mauvais mots, mais c'est fait. Et j'ai bien fait, parce qu'elle m'a répondu que ça lui avait fait du bien.

Depuis quelques jours, chacun de ses statuts Facebook me fend le coeur. Je n'imagine même pas le niveau de peine que t'inflige une telle épreuve. Je ne sais même pas comment on s'en relève. Je sais que beaucoup doivent le faire, mais j'avoue ne pas savoir ou ils trouvent la force de le faire. Je pense que quand on n'a pas le choix, on le fait et c'est tout, mais purée, là je regarde mon Baloo geeker sur sa wii avec son nouveau jeu Zelda, et j'espère de tout mon coeur que je n'aurais jamais à vivre ça, même si là tout de suite, Zelda, ça me sort un peu par les zoreilles - il y joue non stop depuis hier hein, il m'en parle, il écoute le cd qu'il a eu dans le pack édition limitée, et il arrête pas de dire que sa nouvelle manette dorée a trop la classe, je ne suis pas intransigeante, je saigne juste des oreilles à force d'entendre tout ça -.

Bref, tout ça pour encore répéter la même chose. Les petits problèmes du quotidien sont dérisoires. Les retards je ne sais ou, le ballon d'eau chaude trop petit qui fait terminer toutes tes douches en course contre la congélation, les connards qui te soulent par leur incivilité dans la journée, les règles de la langue française qui changent et te perturbent quand tu écris, le boulot ou les études, voire les deux en même temps, ce pc qui veut pas insérer les images ou tu veux les mettre sur ton fichier word, les gens qui ne pigent rien, qui te font la morale ou  donnent leur avis sur tout, les trucs qui marchent pas ou qui pètent, la pluie qui se pointe pile le jour ou tu dois faire un truc dehors, les petits problèmes de santé. Rien ne compte. La seule chose importante, c'est la vie.

Il avait raison Souchon, quand il disait "La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie".

Alors tous à tous les habitués de ce blog qui seront probablement les seuls à aller jusqu'au bout de ce post bien trop long, j'ai envie de vous souhaiter une tonne de bonheur. Profitez à fond de tout ce que vous avez. Et surtout faites en sorte de ne jamais avoir aucun regret.

Et comme je t'ai bien foutu les boules, je vais te consoler un peu en t'offrant la chanson que je mets systématiquement quand j'ai besoin d'être consolée, rassurée, de construire une bulle autour de moi dans laquelle tout va bien même si tout explose autour. C'est ma chanson, celle qui peut tout faire, celle qui m'endormait quand j'avais peur, celle qui me parle tellement qu'elle me suivra toute ma vie.


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