samedi 23 novembre 2013

La métamorphose

Tu sais, quand je suis arrivée en Franche-Comté, j'étais pas vraiment au top de ma forme. J'étais en plein au milieu d'une rupture - de 8 mois, la rupture, oui oui, et par là je ne veux pas dire que je suis retournée avec l'idiot au bout de 8 mois, je veux dire que la rupture a vraiment mis 8 mois à se faire -, je sortais de quelques années dures pour moi, je quittais ma Bretagne pour l'Est, encore une fois, mais le Nord-Est cette fois-çi, alors que je hais la neige, la neige c'est froid ça rentre toujours dans les chaussures et une fois que c'est rentré dans les chaussures c'est mouillé, en prime. La neige c'est nul, hormis sur les cartes postales, ou tout en haut de la Cordillère des Andes, parce que quand tu la regardes d'en bas c'est juste magique ces sommets enneigés, ou pendant les vacances d'hiver dans les stations de ski. Bref, la neige c'est bien, mais que chez les autres, c'est pas pour moi cette chose là.

Beurk beurk beurk (et c'est mon jardin)
Quand je suis arrivée, j'ai du trouver un appart en 2 semaines, parce que c'était le temps pendant lequel ma boite me logeait gracieusement dans l'hôtel Ibis - c'est vachement cool l'hôtel Ibis, je veux dire, la déco est vraiment pourrite, mais on est drôlement bien dans les chambres, et le personnel est vraiment top -. Il a donc fallu que j'oriente bien mes recherches pour vraiment trouver ce qui me plairait. Pour moi c'était évident : je voulais vivre à la campagne, je ne supportais plus la ville. Mon boulot est dans une petite ville de 1500 habitants, donc c'était facile, je pouvais trouver un appart près d'ici et dans un trou paumé.

Coucou la campagne
Et je l'ai trouvé, un 100 m2, qui me semblait à un prix dérisoire après la folie de mon loyer parisien. Un énorme appart à 1 km du boulot, au centre du village, avec le boulanger, la banque, le médecin à proximité, et à 25 minutes de Besançon. On est vraiment bien dans cet appart, je te jure. De mai à décembre, j'étais trop heureuse, je pouvais aller courir en commençant mon parcours en bas de chez moi, j'avais pas de trajet pour aller au boulot, et de toute façon, tout ce que je faisais, c'était aller à mes cours d'équitation et de horseball, à 25 minutes d'ici. Je n'ai pas mis les pieds à Besançon ou presque pendant des mois.

Je t'ai déjà présenté ma louloute ?
Je pense qu'en fait, à cette époque, j'étais tellement déçue des gens que je ne voulais plus les voir, je ne voulais plus en rencontrer, rien. Alors forcément, dans mon trou perdu, j'étais bien.

Et puis la chaudière est tombée en panne, en janvier 2013, alors que j'avais mis 700 euros de fioul dans la cuve quelques mois avant, et je me suis rendue compte que mon château de Versailles était une vraie passoire thermique, et que probablement que les habitants du grenier profitaient plus du chauffage que moi, de MON CHAUFFAGE - j'ai un ours dans mon grenier, des fois il se réveille et il court partout en faisant un bruit monstrueux, c'est pour ça que je sais que c'est un ours, une plus petite bête ne pourrait pas faire autant de bruit -.


S'en est suivi une sombre histoire de malhonnêteté avec ma propriétaire - la malhonnêteté n'étant pas de mon côté hein -. Pour résumer, une baisse de mon loyer aurait dû compenser l'argent que je perdais dans le chauffage, et la propriétaire était supposée isoler le grenier. Bien entendu, au moment de le faire, elle a refusé de baisser mon loyer, et le grenier n'est toujours pas isolé.

J'ai donc déposé mon préavis, et j'ai commencé à réfléchir. Depuis janvier, j'ai commencé les danses latines, et ce faisant, je me suis fait tout un tas d'amis supers que je vois vraiment très souvent. L'idée, c'était donc de chercher un appart me rapprochant de Besançon pour pouvoir être à la fois proche du travail et de mes amis. J'ai commencé à chercher dans ce sens.

On danse même la salsa pieds nus au bord des piscines, ici
Et puis il y'a quelques temps, je me suis amusée à compter combien d'allers-retours Besançon-chez moi je faisais par semaine. La réponse cette semaine là : 5. C'est là que tu ris 50 bornes fois 5, ça fait 250 km par semaine - mais bon, je dois avouer que c'était une grosse semaine, d'habitude c'est plutôt 3 ou 4 allers retours -. C'est à ce moment là que c'est devenu évident. Si j'aime assez Besançon pour y être 5 fois dans la semaine, il valait mieux se trouver un appartement directement en ville, et au moins pouvoir déduire ces bornes là des impôts.

J'ai cherché mon appartement, j'ai eu du mal mais je l'ai trouvé, et j’emménage en plein centre ville dans 3 semaines.

C'est celui-là qui va faire la gueule
Il m'a fallu un peu de temps pour me rendre compte de ça, mais je crois que le déclic est venu aujourd'hui quand j'ai dis à une de mes collègues "nan mais quand même, faut l'avouer, c'est une super ville, Besac". Elle a ri, en disant "bah purée, j'aurais pas imaginé t'entendre dire ça un jour" - nous les Bretons, on est tous un peu cons, du genre "chez moi c'est vachement mieux, tout partout ailleurs c'est tout nul", mais la vérité, c'est qu'en fait on est plus souvent ailleurs que chez nous -. Même la neige elle ne m'embête plus, hier quand j'ai vu que mon jardin était tout blanc, j'étais pleine de joie, même si mes bottes sont trouées et que j'ai pas encore fait poser mes pneus neige. Enfin, ce n'est pas vraiment de mon amour pour Besançon que je te parle là, c'est de mon changement, du chemin parcouru depuis mon arrivée ici.

Il y'a un an et demi, je n'aurais jamais imaginé vouloir revivre en ville un jour. Aujourd'hui, je compte les jours qui me séparent de mon nouvel appart devant lequel passent tous les bus de la ville et le nouveau tram qui sera peut être fini dans 350 ans - on sait pas trop -.

C'est pas ici hein, c'est juste que c'est la seule photo de Besançon
que j'ai sous la main
Et je me rends surtout compte que c'est mon rapport aux autres qui a changé. Il y'a un an et demi, je n'envisageais pas de refaire confiance à qui que ce soit, je n'avais pas envie de me lier avec une seule personne, et je me terrais dans un joli appart dans le trou du cul du monde assez grand pour s'y enfermer à vie. Aujourd'hui, je regarde les photos prises lors de la grosse soirée d'anniversaire qu'on a faite chez moi, et ce que j'aime le plus de cet appart, c'est qu'il a pu rassembler tous ces gens géniaux et souriants pour une belle soirée. Et je regrette de devoir faire une demi heure de route pour passer du temps avec eux.

J'avais fait à manger pour 20, en plus
Aujourd'hui il y'a cette copine adorable qui me réveille tous les matins le weekend, parce qu'elle est visiblement trop pressée de m'appeler et me raconter 12 654 choses pour pouvoir me laisser me réveiller tranquillement, il y'a ces deux copines terribles qui m’accompagnent acheter mes chaussures de danse et se moquent continuellement de moi, parce que je ne voulais pas de paillettes, mais qu'au final, les seules chaussures qui allaient à mon pied trop fin dans toute la boutique étaient pailletées, il y'a ces deux idiots qui m'ont prise sous leur aile pour me faire danser la salsa et progresser à fond, il y'a ceux qui se lèvent tôt le dimanche matin pour venir m'encourager pour mes tournois, ou encore celui qui reste 2 h pour m'aider à ranger après une fête et qui, en prime, m'offre l'entrée en soirée derrière,... C'est probablement à cause de tous ces gens que ce soir je vais me retrouver en robe de soirée et perchée sur des talons de 12, à me sentir bien trop vieille pour être à ce foutu gala d'école d'ingénieur.

Elles sont pailletées, mais elles ont la classe
Je crois que c'est ce changement là, qui a amené l'autre, cette envie de quitter la campagne pour retrouver la ville, pour retrouver la vie, l'agitation, et surtout pour retrouver les autres. Parce qu'aujourd'hui j'ai envie de cette vie pleine de gens, pleine d'amis, pleine de rigolade et de pas de danse ratés, et que j'en ai envie tout proche de moi, parce que j'en ai assez d'être éloignée de cette partie là de ma vie.

C'est peut être ça en fait, par ce déménagement, je me rapproche de ma vie personnelle, lui donne une place plus importante, et m'éloigne du travail, le relègue au second plan. Et je pense que ce bouleversement des distances n'est pas que logistique, mais qu'il est aussi vraiment symbolique de ce qu'il se passe en moi.


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