lundi 27 octobre 2014

Le Jungle Run, à Besançon

Ce n'est plus un secret pour toi, depuis quelques temps, je me suis remise à courir.

Courir c'est dur quand on n'est pas habitué, c'est dur au début et on se dit toujours que l'on n'y arrivera jamais, et puis finalement à chaque fois on fait mieux que la fois d'avant, et petit à petit, on se rend compte qu'on en sera finalement peut être capable, "un jour".

J'ai mis quelques semaines à atteindre les 30 minutes de footing, mais une fois arrivée là, les choses sont devenues plus simples. Je sais pas trop, c'est comme si à 30 minutes ton corps comprenait subitement qu'il est en train de courir et que donc là il faudrait peut être faire quelque chose pour pas décéder, et donc le faisait.

Cela faisait seulement 3 semaines que je courrais quand une copine m'a proposé de faire le Jungle Run. Elle me l'a présentée comme une course facile de 5 km avec des obstacles. C'est fun tu verras les gens y vont déguisés, tout ça tout ça.

Moi j'étais moyen motivée, j'arrivais déjà pas à courir 5 km, alors je me voyais mal rajouter des obstacles. Elle m'a répondu que mais non on peut marcher si on veut je t'attendrai aller viens ça va être cool. J'avoue que pour moi agoniser en sueur dans des vêtements pas très sexy de running piétinée par d'autres coureurs n'était pas exactement la définition de cool, alors j'ai pris le temps de réfléchir un peu.

Sauf que ce weekend là je suis allée courir, et c'est cette sortie que j'ai choisie pour courir plus de 45 minutes en dépassant les 5 km. On ne devrait jamais prendre de décision après un running, même pas choisir le menu du soir, parce que qu'elle que soit la décision, elle est mauvaise, on a le cerveau trop plein d'hormones pour voir le mauvais côté des choses.

Je me suis donc inscrite à cette course, qui n'était donc pas une course de 5 km mais de 7 km, avec les obstacles, bien sur.

Tiens ça ressemble à ça (c'était l'an dernier, mais le parcours de cette année était sensiblement le même) :

Bref, à l'époque, j'arrivais à peine à 6 km de course, autant te dire que j'étais pas sereine et que je pensais que j'allais y rester. Une fois l'euphorie des hormones passées, je faisais pas la maligne, du tout.

C'était le 5 octobre en plus, j'avais donc officiellement la possibilité de décéder le jour de l'anniversaire de mon frère. La grande classe quoi.

Imagine donc ma réaction quand ma collègue préférée qui l'ouvre tout le temps et que personne n'écoute jamais m'a sorti "ah oui l'an dernier mon copain a fait une crise d'hypoglycémie, le parcours les faisait monter jusqu'à la citadelle et y'a eu plein de malaises".

La citadelle... Snif.

Photographe : http://www.posepartage.fr/forum/kisscool,photographe-10001459.html
Bref, j'ai eu subitement envie de ne pas me présenter, ou d'oublier mon certificat médical (oh comme c'est bête), enfin, quelque chose du genre.

Oui non parce que les montées, les marches, tout ça, c'est pas trop mon truc, et mon coeur il aime pas trop non plus.

Une semaine avant la course, je pouvais courir 9 km en une heure, ce qui est un footing a allure d'escargot, mais n'est pas si mal non plus, sache que je suis très fière de mes footing d'escargot (et ne t'avise pas de te moquer). Et je pouvais aussi caser une montée dans un footing de 7 km, mais il fallait pas qu'elle dure trop longtemps.

Le matin de la course, je me demandais encore comment donc j'avais pu être assez bête pour coller mon nom dans le bulletin d'inscription. J'étais fatiguée, il pleuviotait, et j'avais pas envie. Et puis j'avais peur.

Je courais avec 3 personnes qui avaient un niveau largement au dessus du mien, mais qui avaient toutes promis de m'attendre. On a donc retrouvé tout le monde au départ de la course le matin.

Il y avait 1500 partants, alors on s'est gentiment mis derrière. L'ambiance était super bonne, les gens étaient déguisés. Le départ a été très lent et on s'est retrouvés à marcher jusqu'au premier obstacle, puis à trottiner vers les suivants. Il y avait de l'attente devant les premiers obstacles, jusqu'à 20 minutes pour un escalier en colimaçon. On a pu courir à notre rythme au bout du kilomètre 2-3 je pense.

A partir de là, il ne m'a pas fallu longtemps pour envisager mon décès sur les rives du Doubs.

Parce que soyons francs, ce ne sont pas les 7 kilomètres qui sont difficiles, ce sont les obstacles. Imagine toi, tu cours un peu, tu arrives à un obstacle, tu attends un peu, tu rampes sur 15 mètres sous un grillage ou tu escalades une botte de paille, et puis tu repars, sans jamais courir plus de 2 minutes sans obstacles, bien sur. Et bien laisse moi te dire une chose : tu ne trouves jamais ton rythme comme ça, et quand tu cours, tu fais n'importe quoi. Donc au bout de 4 km, à chaque arrêt j'avais l'impression que mon petit déjeuner aimait pas trop ça, et heureusement que mes amis étaient là pour m'aider à passer quelques uns des obstacles à ce moment. Tu la connais cette sensation d'avoir le cerveau pas assez oxygéné pour pouvoir ne serait-ce que décliner ton identité ? Bah voilà.

Je me suis prise à rêver de me coller un verre d'eau entier sur la tête au ravitaillement.

Et arrivée au ravitaillement, je l'ai fait (enfin j'en ai bu une gorgée avant).

Avant le deuxième ravitaillement, j'ai senti que ça commençait à aller mieux. Manque de bol, ça a commencé à monter à peu près 15 secondes après, et comme prévu, mon coeur s'est emballé. Je suis donc montée jusqu'à la citadelle presque sur les genoux, c'est à dire que j'ai eu besoin de 4 arrêts au milieu des escaliers pour faire croire à mon coeur que non non non, tout allait bien, et montrer le chemin de mes poumons à l'air que j'inspirais.

Et puis une fille déguisée en Xena la guerrière est passée en me disant courage, regarde après les marches là on arrive en haut, après ça fait que redescendre promis, il reste presque plus rien tu vas voir.

Fille qui m'a dit ça, si tu me lis, je t'aime.

Parce qu'après ça, j'ai grimpé les dernières marches sans m'arrêter, j'ai marché tranquillement sur 10 mètres le temps de dire a mes poumons vous inquiétez pas, c'est fini, vous manquerez plus jamais d'air, je vous le promets, je suis désolée de vous avoir fait ça, c'est vrai, c'est pas juste et pas gentil, vous avez presque toujours été gentils avec moi (on oublie l'épisode de la pneumopathie au Chili), et puis je me suis remise à courir, j'ai trouvé des ailes quelques part cachées dans mon dos, et j'ai dévalé les marches et les descentes qui nous amenaient jusqu'à  l'arrivée. 

J'ai grimpé sur les voitures, couru dans la mousse et trouvé ça cool parce que c'était tout doux sur les mollets, je suis montée sur le camion grâce à un filet, et j'ai passé la ligne d'arrivée avec mon groupe, fière d'avoir fini, en 1h35 certes, mais fini quand même.

 photo 41C6EA5C-8537-4D64-B890-AB4449F1E0E1_zpsiflwwjgo.jpg

Et j'ai remercié mes amis de m'avoir attendu et supportée, parce que j'en ai croisé sur le chemin qui pestaient contre leurs potes qui n'avançaient pas assez vite, alors que dans mon groupe même le mec qui fait des triathlons a couru a mon rythme (bon d'accord, il a marché en fait, c'était vaguement vexant) sans jamais se plaindre ou me pousser. Mes amis, ce sont les plus mieux du monde.

Et puis j'étais fière, moi la pauvre nana qui a du s'entrainer tous les jours pendant deux semaines pour passer l'épreuve d'endurance de 20 minutes de première, d'avoir réussi à finir 7 km avec des obstacles.

Un jour, je ferai un 10 km. Mais sans obstacles.
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